Dans sa dernière intervention, Emmanuel Macron a choisi de rappeler que « Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. », cette deuxième phrase de l’article 1er de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 1789. Voulait-il démontrer ainsi qu’il avait changé ? Ou bien, pris dans sa réinvention continuelle, prenait-il la pleine mesure que notre République était fondée sur des valeurs qu’il avait lui-même peu mis en avant depuis le début du quinquennat ?
Aujourd’hui, au moment où des mesures de sortie de confinement se dessinent, ce dixième alinéa du Préambule de la Constitution de 1946 – tout autant au cœur de notre bloc de valeurs constitutionnelles – qui proclame donc que la France assure à toutes et tous des conditions nécessaires d’existence, prend tout son sens et mérite d’être mis en pratique.
En effet, la vague économique et sociale qui s’annonce, avec des pertes de revenus considérables notamment pour les classes moyennes et populaires, demande des réponses politiques fortes. Les crises comme celle de 2008 ont pour habitude, dans un premier temps, de compresser l’échelle des inégalités, en touchant fortement les plus hauts et les plus bas revenus. Mais, les premiers se relèvent relativement rapidement quand les seconds, dix ans après, peinent à retrouver le niveau qu’ils avaient auparavant.
Or, les filets sociaux actuels n’assurent plus une base de revenus suffisante pour de nombreux concitoyens. Plus qu’un hypothétique revenu universel, il s’agit de donner ici des moyens d’existence à celles et ceux qui risquent de basculer dans une grande précarité dans les prochains mois.
Aujourd’hui, environ le tiers des bénéficiaires potentiels n’a pas recours aux aides existantes et celles-ci excluent les moins de 25 ans qui prennent de plein fouet la crise avec la suppression des emplois précaires auxquels il sont cantonnés et des nombreux « petits boulots » lorsqu’ils sont étudiants. Par ailleurs, depuis la création du RMI en 1990, le revenu minimum a perdu de sa valeur par rapport aux revenus du travail (de 66,5 heures de SMIC brut en 1990 à 55,8 heures en 2018).
Ainsi, l’objectif minimum auquel le pays devrait s’astreindre serait que personne ne se situe, en cumulant le RSA et d’autres ressources, au‑dessous du seuil de pauvreté correspondant à 50 % du revenu médian, soit 855 euros par mois.
Mettre nos choix politiques en accord avec la Constitution nous engagent à agir. Relever notamment le RSA et l’ouvrir dès à présent aux 18-25 ans nous réarmeraient socialement à partir de nos valeurs fondatrices.
D’autant que les mesures qui seront prises prochainement esquisseront pour beaucoup ce que sera le « Monde d’après ». Soyons tous persuadés qu’il sera une impasse collective s’il ne permet pas à des millions de femmes et d’hommes de vivre dignement.
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