Par Cécile Soubelet
Le moment est historique : Andrès Manuel Lopez Obrador (AMLO) a remporté ce dimanche l’élection présidentielle mexicaine avec 30 points d’avance sur ses concurrents. À 64 ans, AMLO se retrouve à la tête du plus grand pays hispanophone du monde et de la deuxième économie latino-américaine. C’est la première fois que le Mexique sera dirigé par un parti se réclamant de la gauche.
« Ouragan national »,« jour historique », les qualificatifs manquent pour désigner cette « révolution pacifique » qui a été menée dans un rare calme – sans violence ni accusation de fraude – au Mexique. Le nouveau Président, qui prendra ses fonctions en décembre, a réussi un véritable coup politique.
Non seulement AMLO est élu haut la main, mais son parti Morena remporte également la mairie de Mexico qui sera dirigé pour la première fois par une femme, Claudia Sheinbaum; ainsi que quatre Etats : Tabasco, Chiapas, Mojelos et Veracruz.
Enfin, en disposant de la majorité au Congrés et au Sénat, il dispose de toutes les cartes pour mener une vraie révolution sociale dans un pays profondément marqué par la violence et la corruption généralisée.
Et c’est là son principal chantier : AMLO est vu comme la dernière issue dans la lutte contre la corruption, après la succession des gouvernements de centre-droite (PRI) et de droite (PAN) qui n’ont fait que nourrir le clientélisme et la criminalité tant au niveau national que local. A titre d’exemple, rien que pour ces élections, ce sont 133 hommes et femmes politiques qui ont été tués lors de la campagne. Entre les multiplications des cartels soudoyant le soutien de politiques locaux et la violence brute, le Mexique vient de vivre les élections les plus meurtrières de son histoire, couronnant 10 années d’escalade macabre.
Au pied du mur, AMLO a déjà promis d’éradiquer « la mafia du pouvoir »,souhaitant faire de son mandat une « transformation mettant en exergue l’Indépendance, la Réforme et la Révolution ».
En parallèle, certaines mesures symboliques d’un « Gouvernement du peuple pour le peuple »sont annoncées comme la baisse les salaires des hauts fonctionnaires, l’ouverture du palais présidentiel ou la vente de l’avion officiel.
Toutefois, AMLO devra également rassurer d’ici sa prise de fonction en fin d’année.
En effet, s’il a su adopter un discours plus policé et neutre qu’auparavant, cela fait craindre à certains Mexicains un possible retournement vers l’autoritarisme dans l’exercice du pouvoir. La droite a notamment plaisir de brandir le spectre du Chavisme et ses dérives. C’est ainsi que lors de la première déclaration après sa victoire, Lopez Obrador a appelé à« la réconciliation de tous les Mexicains »,rassurant par la même occasion investisseurs et le monde des affaires.
Par ailleurs, une inconnue demeure, à savoir comment AMLO compte gouverner avec le parti évangéliste Encuentro Social avec lequel il s’est allié. Une alliance complètement contre-nature qui permet à ce parti de bénéficier d’un poids au Congrès et au Sénat plus important que sa représentativité réelle.
Enfin, au-delà d’enjeux internes, AMLO va devoir également gérer les relations avec Donald Trump : renégociation du traité de libre-échange, mais aussi la question migratoire et la construction du mur entre les deux pays seront parmi les plus sensibles.
L’espoir est grand, les Mexicains voyant en la Gauche son va-tout pour enfin sortir de ses problèmes que la droite n’a su résoudre ou a minima endiguer.
AMLO a ainsi 5 mois pour constituer son Gouvernement et les mesures phares de son programme. Après le Costa Rica, le Mexique est donc le 2ndpays de la zone à basculer ; désormais tous les yeux sont tournés vers le Brésil pour confirmer le proverbe « jamais 2 sans 3 ».
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