Il ne sait plus comment l’imposer et pourtant notre président s’obstine à vouloir mettre en œuvre un engagement qui ne passe même plus majoritairement dans son propre électorat.
Les porte-paroles et les ministres, avec la complicité de certains médias, se relayent pour justifier une réforme injustifiable : ça ne marche pas. L’opinion n’est pas dupe. Elle n’en veut pas. Trop de contradictions. Trop de manœuvres comptables que l’on peine à cacher. Redisons-le clairement : une réforme en profondeur des retraites est totalement inutile. Les prévisions avancées par le Gouvernement sont aléatoires car elles dépendent d’abord et avant tout du nombre de cotisants et donc de l’emploi ! Le système par répartition est la clé de voûte. La négociation avec l’ensemble des partenaires sociaux est le préalable obligatoire à toute volonté de changement. Oui, il y a des réformes à faire pour améliorer le système, garantir de vraies retraites. Mais non, on ne doit pas toucher à l’âge de départ ni aux nombres d’années de cotisations. Il y a bien d’autres solutions ! Gouverner c’est prévoir dit-on ! Le seul gouvernement ayant anticipé un déficit du système sur une période déterminée et connue depuis longtemps, c’est un gouvernement de gauche. Pierre Bérégovoy avait avancé l’idée, Lionel Jospin l’a mise en place : Qu’est devenu le Fonds de réserve de retraites (FRR) qui devait permettre d’amortir cette période ? est-il toujours abondé comme il se doit ? Qu’avons-nous fait pour permettre l’emploi des seniors ? C’est bien, avant toute réforme, sur ce sujet qu’il faut travailler. Le chômage des plus de 50 ans grève le budget issu des cotisations retraites. Le plein emploi, et particulièrement sur cette tranche d’âge, doit être le premier objectif. On pourrait, par exemple, mettre en place un compagnonnage ou un tutorat pour encadrer des jeunes en formation ou à l’école. Qu’avons-nous fait sur les salaires pour permettre un taux de cotisations suffisant (garantie des salaires différés que sont les retraites) ? Il est nécessaire aujourd’hui d’augmenter les revenus ; ce qui mécaniquement permettrait d’augmenter les ressources issues des cotisations. Que fait-on pour les carrières longues ? pour les travaux dit « pénibles » ? Là encore, il y a un sujet qui n’est pas, loin de là, pris en compte dans les projets de réformes. Les gouvernements de droite ont systématiquement précarisé l’emploi, transféré les impôts progressifs sur des taxes que pauvres et riches paient au même taux. Sur la dernière période on a eu la suppression de l’ISF, la « flat tax », « l’exit tax » … combien de mesures de ce genre ont affaibli notre capacité à pérenniser notre système social de répartition et de solidarité ? Maintenant il faudrait travailler (ou chômer) plus longtemps pour toucher moins de revenus à la cessation d’activité ? Ce cynisme doit cesser! Le système de retraites va connaître un déficit provisoire sur quelques années ? hé bien ce n’est pas à ceux qui gagnent le moins ou aux Français moyens de le payer et encore moins d’en subir les conséquences ! Car oui, seuls ceux qui ont des revenus bien au-dessus de la moyenne, pourront accepter de travailler davantage. Ils le font d’ailleurs déjà. Ils ont garanti pour la plupart, à titre individuel sous forme de placements, leur fin de vie dont l’espérance de longévité n’a pas de commune mesure avec celle des actifs lambda de ce pays. Il est temps de dire stop ! Si le gouvernement passe en force sur cette réforme inique, il faudra montrer que la fraternité et la solidarité ont encore un sens. Il faudra une mobilisation, la plus large possible et dans l’unité, de toutes et tous sans distinction et sans exclusion, pour défendre un droit pour tous à la retraite : un droit de dignité, un devoir de société ! Un million, voir plus, de citoyennes et de citoyens dans les rues de Paris, ça fait réfléchir un gouvernement et son président. Il y a bien des précédents… |