1 juillet 2019

Castaner : Fossoyeur des libertés publiques ! Edito lettre n°49

Par Julien Dray

Il aura fallu attendre huit mois pour qu’enfin, on se rende à l’évidence. Tout a été fait, depuis l’arrivée au ministère de l’intérieur de Monsieur Castaner pour définir le manifestant, l’opposant, le journaliste de terrain comme le factieux, l’ennemi, le producteur de « fake news ». Cela dans le but de légitimer l’usage de la force avec des moyens inédits.

Ce qui était vrai il y a déjà huit mois l’est encore aujourd’hui. Une chose a cependant changé.

L’ensemble des médias qui, pour la plupart d’entre eux, relayaient le discours officiel, reprenaient à leur compte les explications, les incises, les déclarations de l’exécutif sans chercher outre mesure à les confronter à la réalité, parlent aujourd’hui de violences policières et d’atteintes aux libertés publiques.

Ce que nous dénonçons ici depuis des mois, témoignages à l’appui, images à l’appui ; ce que David Dufresnes a méticuleusement collecté et transmis sur twitter sous le nom de « Allo, place Beauvau » ; ce que certains médias comme « Brut » ont retransmis en direct ne peut plus être ignoré.

Il y a bien eu et il y a toujours disproportion entre les actes issus des manifestations et la réponse des forces de l’ordre commandée depuis Beauvau !

Le nombre d’agressions gratuites sur des manifestants pacifiques, sur des journalistes, sur des « street médic », sur des passants est non seulement répertorié mais avéré, confirmé, indiscutable. Aucun des plus 600 blessés GJ, dont les éborgnés, les mains arrachées, les dévisagés n’ont fait l’objet de poursuites. Aucun n’était membre de ces blacks blocs, de ces groupuscules, de ces factieux qui ont servi de caution à la répression.

On a donc voulu intentionnellement, à travers l’utilisation disproportionnée de la force, dissuader, délégitimer, empêcher l’expression de libertés fondamentales.

On a menti sur le traitement des faits à Nice, à Bordeaux, à Nantes, à Paris. Une femme à terre a bien été agressée, piétinée. Des jeunes participant à la fête de la musique ont bien été chargés, d’autres manifestants pacifiques assis sur la chaussée ont été gazé à bout portants. Les gilets jaunes, tout autant pacifiques, ont avant eux payé un lourd tribut à ces violences.

Les instituts internationaux alertent, dénoncent depuis des mois la dérive autoritaire de notre régime. En Europe même on s’inquiète de la répression abusive. Pourtant, en France, Il n’y a guère de réactions indignées. La plupart des politiques ferment les yeux. Les médias sont encore très timides sur le sujet.

Aurait-on pris acte d’une certaine banalisation des exactions d’état ? Comment est-il possible que, dans ce pays, on reste froid à cette atteinte inédite aux libertés publiques ? Le mépris d’une certaine classe à l’égard des oubliés de la république aurait-il atteint un tel niveau que l’on pourrait légitimer un tel recul historique ?

Il serait temps de dire : la Dérive autoritaire, BASTA ; la répression abusive, BASTA. Il serait temps, non pas de demander timidement mais d’exiger la garantie impérative des droits fondamentaux que sont les libertés publiques.

On a donné carte blanche à un homme qui a visiblement hérité de méthodes plus proches de celles d’un Maurice Papon que d’un Jean Moulin. Le président doit maintenant en tirer les conséquences. Il y va de sa propre crédibilité.

Et au delà, nous devons exiger un engagement irréversible au pouvoir en place : celui de garantir à nouveau les libertés publiques, fondement de nos valeurs communes et de notre démocratie !

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